Marcel Callo est né à Rennes en 1921, dans une famille ouvrière originaire du Morbihan gallo. Il grandit dans les faubourgs nord de la ville et suit les offices religieux de l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Au terme de sa scolarité, il obtient son certificat d’études puis, à peine âgé de 13 ans, entre comme apprenti typographe à l’Imprimerie provinciale de l’Ouest, située rue du Pré Botté. Il y travaille jusqu’à son départ pour l’Allemagne, dans le cadre du STO.
Photo : La famille Callo en 1937.
L’itinéraire religieux de Marcel Callo est profondément marqué par la fréquentation de plusieurs mouvements catholiques : la Croisade eucharistique, le scoutisme, puis, sans doute à partir de 1935, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC). Devenu typographe, le jeune Marcel est convaincu de l’opportunité de développer un apostolat par les pairs au sein du monde ouvrier. Il déploie son énergie dans la JOC et, en 1938, alors qu’il n’a que 19 ans, devient président de la section de Saint-Aubin, à Rennes.
Photo : Fête du travail à Rennes, 1er mai 1942.
« Ce n’est pas comme travailleur que je pars mais comme missionnaire », tout semble dit dans cette déclaration de Marcel Callo. Pour autant, au-delà de cette apparente détermination, affichée y compris sur le quai de la gare, on sait que la décision de partir ne fut pas si simple pour lui. Au-delà de son cas personnel, la question du choix entre obéir à la réquisition ou s’y soustraire focalise l’attention. À cet égard, l’attitude de la hiérarchie catholique ou de la JOC vis-à-vis du STO a été l’objet de débats. Une fois en Allemagne, Marcel Callo se révèle un jociste très actif tout en entretenant une abondante correspondance avec ses proches restés à Rennes.
Photo : Marcel Callo devant une baraque du deuxième camp de travailleurs où il fut affecté à Zella Mehlis, août 1943.
Accusé de propagande antinazie, Marcel Callo est arrêté le 19 avril 1944 puis déporté au motif suivant : « par son action catholique auprès de ses camarades français, pendant son Service du Travail Obligatoire en Allemagne, s’est rendu nuisible au régime nazi et au salut du peuple allemand ». Après un passage à Flossenbürg, il entre à Mauthausen le 25 octobre 1944. Affecté au commando de Gusen II, il meurt d’épuisement et de mauvais traitements à « l’infirmerie » du camp le 19 mars 1945. Camp très répressif et meurtrier, le sinistre bilan de Mauthausen compte plus de 90 000 morts, soit près de la moitié de la population totale passée par ce camp entre 1938 et 1945.
Photo : L’ancien camp de concentration Mauthausen 1948.
Ce chapitre vise à souligner que si le cas de Marcel Callo est exemplaire, il n’est pas pour autant isolé. En effet, il est arrêté en même temps qu’une douzaine de militants d’action catholique de la région de Thuringe. Tous sont emprisonnés à Gotha pendant environ 5 mois puis déportés dans différents camps. Ils y paient tous leur volonté d’apostolat au prix fort puisque des 12 de Gotha, 4 seulement ont survécu. Au-delà du groupe de Thuringe, la cause de Marcel Callo paraît également avoir destin lié à la mémoire d’une cinquantaine d’autres militants d’action catholique au sort comparable au sien.
Photo : Les 12 de Thuringe.
Le rayonnement posthume de Marcel Callo est immédiat : dès 1945, Mgr Roques souligne ses mérites et le RP Jégo entame la rédaction d’une biographie qui le présente comme un exemple pour les jeunes catholiques. De manière similaire, des catholiques allemands l’érigent en modèle. Ce mouvement de reconnaissance débouche sur la béatification de Marcel Callo en 1987. Son nom est aujourd’hui associé à des établissements scolaires, des églises mais aussi à des rues, à la fois en France, en Allemagne et en Autriche, mais aussi en Afrique, ce qui témoigne du caractère consensuel de sa mémoire.
Photo : Collectif « La Crèmerie » aux côtés de Mgr d’Ornellas pour l’inauguration d’une fresque réalisée à la mémoire de Marcel Callo sur les palissades de chantier du Couvent des Jacobins, le 19 mars 2015.